dimanche 24 juillet 2016

Une fée à bébés à la Miotte

C’était bien avant que le lion soit un lionceau… À Belfort, même les cigognes d’Alsace ne s’arrêtaient pas pour déposer leurs bébés devant les portes.
Avec l’humour dont il est coutumier, Hervé Thiry-Duval raconte pourquoi on surnomme les Belfortains « petits Miottains », « les rejetons de la pierre de la Miotte ». Selon le fééricologue haut-saônois, la colline qui surplombe l’étang des Forges abrita jadis une fée, que Cyrille Meyer, illustrateur et prof à l’école d’art Gérard-Jacot, a imaginée « tout ébouriffée », les cheveux citrouille et le nez retroussé.

Un album sur les racines

Le tout donne « La fée Miotte », un album… d’hommes, qui explorent un sujet tout féminin, « comment on crée des bébés ». « Sans cette fée, pas de petits Belfortains », résume Christine Valot, éditrice du Jardin des mots, la maison d’édition de Sermamagny adossée à l’agence de conteurs Les Singuliers, à l’origine de la collection « Les gourmands ».
Après « La pierre du loup » et « Le lapin de Noël », déjà imaginé par Hervé Thiry-Duval, ce troisième titre allie toujours une histoire et une recette élaborée par un chef de la région. La fée Miotte nous plonge dans une mousse au chocolat, douce, lisse, savoureuse comme « la rivière dont l’eau a si bon goût »… La recette est celle de Danièle, du Pochon magique, qui la propose classique ou au tofu soyeux.
L’ensemble bien mixé, « qui ne s’adresse pas qu’à des petits », commence à voyager, Belfort n’étant que prétexte à conter des histoires de villageois et de merveilleux.
Christine Valot a travaillé en même temps sur un autre album, contemporain, avec une autre conteuse : Cahina Bari, alsaco-algérienne, qui portait en elle depuis longtemps le texte de « Titom et Tilou ». Dans cette fable écologique, un petit garçon se lie d’amitié avec un louveteau, avec lequel il va cheminer.
« C’est un texte fort et puissant, Cahina y exprime ses convictions pour préserver notre planète et l’histoire a aussi un autre degré lié à sa double culture », raconte l’éditrice : enfant et loup ont été adoptés, l’un par d’autres parents, l’autre par une meute. « Ce livre est le bébé de Cahina, elle savait où elle voulait aller, elle voulait parler de nos racines ».
Et dans ces pérégrinations qui vont jusqu’à entendre « battre le cœur du monde », c’est Christophe Nguyen Van Khang, chef du Vieux Relais à Auxelles-Bas, qui délivre sa recette de croustillant de bœuf aux crevettes. En hommage à son grand-père, « né en 1911 et obligé de quitter le Viêtnam pour la France. Il n’a jamais retrouvé sa famille ».
Christine Valot l’assure : « Ces deux histoires ne sont pas gratuites », ni dans leur conception, avec des duos qui marchent -Titom et Tilou sont croqués par une Strasbourgeoise, Émilie Graebling, qui a travaillé « tout en douceur »-, ni dans les sujets, qui proposent un niveau de lecture pour les plus grands.
Déjà rien qu’avec les pages, on se régale.
« La fée Miotte » et « Titom et Tilou », Le jardin des mots, coll. Les gourmands, réalisés avec le concours de la Région Franche-Comté, 11 € l’un.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire